4 - Nouvelle vie (après la mort) Bruno fixe Sienna, qui me fixe alors que je fixe les agents de sécurité dont l’attention ne me lâche pas. C’est une situation… intéressante. Tendue certes, mais intéressante. - Je ne compte pas vous suivre, messieurs, dis-je d’une voix assurée. Vous allez me laisser sortir. Si le premier semble enclin à me laisser filer, comme hypnotisé par mon ordre, le second n’est pas de cet avis. Il se rue sur moi, mais je le contourne et lui envoie un coup de pied aux fesses. Il rentre tête la première dans une des cabines. Tout le monde se fige, surpris. Je ne prends pas le temps de m’attarder et fonce dans la salle de réception. - Jesse ! hurlé-je en regardant autour de moi. Plusieurs têtes se tournent vers moi et m’observent avec la même fascination que précédemment, même si j’ai plutôt l’air dingue à ce moment. Mais mon colocataire n’est pas là. Je continue ma course vers la sortie et pousse les larges portes blanches. Une fois dans le hall je scanne les environs à sa recherche avant de crier une dernière fois : « Jesse ! »
Sa tête apparait derrière le comptoir de la réception, complètement échevelé, sa cravate défaite sur sa chemise ouverte, il a du rouge à lèvres sur la gorge. - Quoi ? grogne-t-il. - On s’arrache d’ici ! J’ai la sécurité aux fesses. - Merde ! marmonne-t-il, mais il se relève déjà en fermant son pantalon. Il s’appuie sur le comptoir et saute par-dessus. Dès qu’il est passé, on détale vers la sortie. - A un de ces jours, chérie ! lance-t-il par-dessus son épaule. Si la réceptionniste répond, on ne l’entend pas. On est déjà dans la rue à courir comme si des chiens de l’enfer étaient à nos trousses. Il se passe un bon moment avant qu’on prenne un tournant, nous arrêtant dans une ruelle, on s’adosse au mur et après quelques respirations, on éclate de rire. L’adrénaline et l’électricité courent dans mes veines et mon rire ne s’arrête pas. Je me laisse finalement glisser contre le mur et finis assis par terre, sans me soucier de mon costume. Je ris beaucoup trop pour m’inquiéter de quoi que ce soit. Jesse se laisse tomber à côté de moi et on s’appuie l’un sur l’autre, épaule contre épaule. - Je n’ai jamais autant ris de ma vie, hoqueté-je. - Bonne chose que tu sois mort, alors ! Et je ne sais pas pourquoi ça accentue notre fou-rire. Ce n’est pas si drôle que ça. - Merde, on est mort ! soufflé-je quand on se calme. On n’aura plus la vie qu’on avait. Les gens qu’on connaissait. Il hoche la tête avant de passer un bras autour de mes épaules. Sa main décoiffe un peu plus mes cheveux dans un geste affectueux et il me pousse et poser mon front contre sa tempe avant d’ajouter : « maintenant, tu m’as moi, Connard » - C’est sensé me réconforter ? demandé-je amusé. - Ouais. Je suis pas toujours le plus intelligent, mais tu ne trouveras pas plus loyal. Je le regarde aussi bien que je le peux sans bouger. Sa main me maintenant toujours, j’aperçois un sourire sur son profile et je l’imite, pris d’affection pour cet idiot. - Ouais, je t’ai toi. - Mhm. Quand on se décide à repartir, il garde son bras autour de mes épaules, je passe un des miens autour de sa taille et je me dis que je n’ai vraiment pas perdu au change. - Alors, la fille de la réception ? - Mortelle ! lance-t-il. Et avec ton ex ? - Le marché a été conclu, réponds-je avec un regard qui veut tout dire. - Suis fier de toi, Connard. Maintenant, il faut qu’on trouve un plan pour se choper Adriana. Dire que je vais passer l’éternité avec ce crétin…
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