Cette histoire est écrite dans le cadre du camp Nanowrimo, elle pourra donc être modifiée en cours de route. Chapitre 7 Kazey n’était pas très bavard ce matin et Cassie se demandait si ça avait quelque chose à voir avec sa réflexion devant les douches de l’enfer. Plus elle y pensait, plus elle en doutait, c’était le genre de choses qui n’atteignaient pas Kazey, il était bien au-dessus de ce que les autres peuvent penser de lui. Il était certainement perdu dans sa propre tête, voilà tout.
La radio allumée remplissait l’habitacle de chansons démodée et Cassie se demanda s’il était branché sur radio-ringard. S’il avait été de meilleure humeur, elle lui aurait sans doute posé la question, mais dans l’état des choses, elle préféra se taire. Elle posa le front contre la vitre le montant de la portière pour profiter du vent qui balayait son visage par la fenêtre ouverte et se demanda ce qui se passait à Resington en ce moment-même. Comment ses parents avaient-ils pris son départ ? Est-ce qu’ils la cherchaient malgré sa demande de ne pas le faire ? Est-ce qu’ils se déchiraient pour rejeter la faute l’un sur l’autre ? Elle ferait sans doute bien d’écouter leurs messages pour connaitre la réponse, mais elle ne savait pas si elle était prête pour cela. - Tu as dit à ton père que j’étais avec toi ? demanda-t-elle d’une voix absente. Kazey garda le silence encore quelques secondes. Il lança un regard dans sa direction avant de le reporter à nouveau sur la route. - Non, répondit-il enfin. Mais s’il m’en parle, je ne mentirai pas. Cassie hocha la tête. Elle s’en doutait un peu, elle n’imaginait pas Kazey cacher des choses au shérif. - Est-ce qu’il vous arrive de ne pas vous dire certaines choses ? Kazey la scruta comme s’il pesait le pour et le contre d’engager une conversation avec elle, puis il haussa les épaules. - Pas vraiment, non. J’évite de parler de ma vie sexuelle, mais à part ça… - T’as une copine ? s’étonna Cassie. Il parut mal à l’aise un moment avant de répondre : « non, plus maintenant. » - Vous avez rompu ? - Non, elle est partie. Cassie chercha rapidement dans sa mémoire les filles du lycée qui avaient déménagé en cours d’année. Il y en avait quelques-unes, dont Heidi. Certains considéraient que Cassie et elle avait été rivales, mais ennemies juré aurait été plus correcte. Cette fille avait été le Joker de son Batman. - C’était Heidi ? demanda-t-elle avec dégout. Elle ne savait pas pourquoi cette idée était si dérangeante, imaginer les sales pattes d’Heidi sur Kazey lui donnait envie de sortir les griffes. A sa surprise, Kazey pouffa en secouant la tête. - Ce n’était pas une fille de l’école. - Qui alors ? Est-ce que je la connais ? Ne me dis pas que l’histoire des cougars est vraie… - Oui et non. - Comment ça, oui et non ? - Oui, tu la connais et non, je n’étais pas sérieux à propos des cougars. - Qui est-ce alors ? Kazey prit une grande inspiration, comme si cette histoire le peinait. Une de ses mains abandonna le volant pour passer dans ses cheveux en bataille, ce qui ne fit rien pour arranger leur cas. - Ecoute, finit-il par souffler. On n’est pas vraiment amis toi et moi, donc je préférerais qu’on oublie ça. Cassie ne sut pas pourquoi ça la blessait. Il avait raison, ils n’étaient pas amis et il n’avait aucune raison de lui faire confiance. Elle hocha la tête et le silence revint entre eux. *** A l’heure du déjeuner, Kazey s’arrêta dans un burger King. Ils étaient à présent quelque part aux environs de Saint Louis, Missouri. Ils avaient dépassé Indianapolis plus tôt dans la journée. Dès que le pick-up fut arrêté, le jeune homme en sortit et s’étira en soupirant, puis il marcha quelques pas pour soulager ses jambes. Cassie l’imita tout en sortant son téléphone. Elle ignora les nouveaux messages de ses parents et chercha Dan dans son répertoire avant d’appuyer sur le bouton d’appel. La tonalité résonna cinq fois avant que le répondeur ne prenne le relais. Elle avait déjà essayé d’appeler son petit-ami plusieurs fois, mais elle n’arrivait pas à le joindre. Elle n’avait plus qu’à espérer qu’elle réussirait avant de rejoindre Los Angeles. Kazey lui demanda ce qu’elle comptait commander et elle lui répondit de prendre un cheeseburger. Il entra pour lui laisser de l’espace pendant qu’elle passait ses coups de fils. Elle appela Eva en pensant qu’elle ne l’aurait pas non plus, mais son amie décrocha rapidement. - Tes parents vont te flinguer quand ils recevront la facture, fut la première chose qu’elle lui dit mais Cassie entendait le sourire dans sa voix. Elle sentit sa gorge se serrer. Elle avait l’impression que son amie et elle étaient séparées depuis des siècles. - Je me suis barrée, annonça-t-elle un peu honteuse. - Comment ça ? - Je ne sais pas. C’était la guerre chez moi, et je pensais à toi et à Dan, et à mon anniversaire, débita-t-elle. Et je ne voulais pas le passer là, tu comprends et je n’ai pas réfléchis. Je suis près de Saint Louis avec Kazey. - Kazey ? Ton voisin sexy Kazey ? - Je croyais que tu en pinçais pour son père… - Tel père, tel fils. Cassie eut un rire qui ressemblait drôlement à un sanglot. - Oh, tu me manques, avoua-t-elle. Et oui, avec mon voisin – l’emmerdeur – Kazey. - Qu’est-ce que tu fous avec lui ? - Road Trip. Eva éclata de rire. - Je ne savais pas que tu avais le sens de l’aventure, mais je regrette de ne pas être là. Oui, Cassie aussi regrettait son absence. Mais elle préféra changer de sujet que de se remettre à broyer du noir. - Et toi, qu’est-ce que tu racontes ? Comment c’est Paris ? - Les mecs sont à la mode ! - Quoi ? s’amusa Cassie. - Tu sais bien, les gars de Resington passent leur temps en t-shirt sportifs et compagnie, je peux te dire que j’ai vu le changement en débarquant ici. Oh et, je suis allée au musée du Louvres hier où j’ai tenté de parler à un mec canon, j’ai bafouillé le peu de français que je connais, seulement pour me rendre compte après que c’était un touriste et qu’il parlait espagnol. Cassie pouffa sans pouvoir s’en empêcher. Il n’y avait qu’Eva pour se concentrer sur les mecs où qu’elle aille. Les toiles de maîtres ne tenaient visiblement pas la comparaison. - Oh, tu peux bien rigoler, n’empêche, je sens que j’ai une chance avec le serveur au bar de l’hôtel. Je peux picoler en plus, vive la France. - Et qu’en disent tes parents, taquina-t-elle. - Ma mère est trop occupée à être terrifiée par les mecs qui nous accostent toutes les cinq minutes pour nous vendre des mini tours Eiffel, elle les soupçonne d’être un réseau qui va nous enlever pour nous marier en Arabie Saoudite. - Ah… ta mère. - Dans toute sa splendeur, approuva Eva. Et mon père, bah tu le connais. Fasciné par l’architecture, fasciné par l’art, il a les yeux partout. Je ne suis pas certaine qu’il ait remarqué qu’on est là. - Ne me dis pas qu’il s’est acheté un béret et qu’il s’est mis à peindre. - Pas encore, mais ça ne saurait tarder. Cassie sourit avant d’entendre quelqu’un parler dans le fond et Eva répondre qu’elle arrivait. - Il faut que je te laisse, soupira-t-elle. On va diner chez Les Bouquinistes. Cassie jeta un regard au Burger King où elle allait déjeuner et sourit. - Moi, je vais au Fouquet’s, lança-t-elle. On se rappelle. - Ok. Essaie de ne pas tuer ton voisin, ce serait du gâchis. - Je vais me retenir. Bonne chance avec le mec du bar. - Je n’ai pas besoin de chance, j’ai du talent et du charme. - A plus, Eva. - Bye. Cassie raccrocha et entra pour rejoindre Kazey qui avait déjà commandé pour elle et buvait un soda à travers une paille qu’il ne prit pas la peine de sortir de sa bouche avant de parler. Il la coinça entre ses dents blanches et régulières et arrêta d’aspirer avec un psitt audible. - Alors, tu as parlé à tes parents ? demanda-t-il avec une mine qui laissait croire qu’il s’apprêtait à la consoler après un moment difficile. - Non, répondit-elle en s’emparant de son burger. J’étais au téléphone avec Eva, je ne compte pas appeler mes parents. La mine de Kazey se fit plus sombre, il ne cherchait pas à cacher sa désapprobation. Cassie s’attendait à ce qu’il parte en croisade pour lui expliquer à quel point son comportement était égoïste et immature, mais à sa grande surprise, il secoua la tête et se concentra sur ses frites. - Tu ne comptes pas me faire un discours ? demanda-t-elle. - Ça ne servirait à rien. Tant mieux. Il avait enfin compris que son cas était désespéré. Elle se répéta que ça lui ferait des vacances, mais au fond elle aurait peut-être voulu que le chevalier de la bonne cause se batte un peu plus.
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