Cette histoire est écrite dans le cadre du camp Nanowrimo, elle pourra donc être modifiée en cours de route. Chapitre 6 Cassie fut réveillée par une large main secouant son pied. Elle répondit en grognant avant d’enfoncer sa tête dans le sac de couchage, seuls ses longs cheveux blonds restèrent visibles, ressemblant à un enchevêtrement de paille. Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, mais elle avait l’impression de n’avoir fermé les yeux qu’une seconde et d’être plus épuisée qu’elle ne l’était en se couchant.
- Allez, lève-toi. - ‘core cinq minutes, plaida-t-elle en repliant les jambes pour soustraire son pied à la main malveillante qui tentait de l’éloigner de son rêve. - Comme tu veux, mais je ne te garantis pas que ta part du petit-déjeuner soit épargnée. Malgré son envie de replonger dans le sommeil, l’idée de nourriture poussa la jeune fille à ouvrir les yeux. La première chose qu’elle vit fut le plafonnier et elle se souvint instantanément de l’endroit où elle se trouvait. - Petit-déjeuner ? demanda-t-elle en reportant son attention sur Kazey qui lui tournait à présent le dos, calé contre la portière ouverte du côté passager. - Mhm, répondit-il la bouche pleine. - Ok, pousse-toi. Kazey lui lança un regard amusé par-dessus son épaule avant de s’exécuter. Une fois la place libre, Cassie se tortilla jusqu’à ce que ses jambes toujours coincées par le sac de couchage pendent hors du siège. Elle tenta de s’en débarrasser sans grand succès et le fait que son voisin ricane à ses dépens n’aidait certainement pas. - Tu ne veux pas me filer un coup de main, au lieu de te marrer ? gronda-t-elle. Le jeune homme haussa les épaules en tentant de cacher un demi-sourire. - Oh, je sais pas. C’est plutôt divertissant. Autant pour son image impeccable de Saint Bernard. - Sale con, marmonna-t-elle. Elle ne s’attendait pas à ce que l’insulte le fasse éclater de rire, mais lorsqu’elle releva la tête de surprise, il était bel et bien plié en deux, à rire comme s’il n’avait rien vu de plus drôle depuis des années. Elle essaya de se libérer à coup de pieds, mais ne réussit qu’à tomber du siège sur le sol avec un petit cri outré, ce qui le fit rire plus fort. Finalement, il posa sa tasse à emporter à vint lui prêter main forte. Il s’empara du bout de tissu. - Tends les jambes, commanda-t-il. Cassie aurait voulu refuser, mais elle commençait à en avoir assez de se débattre avec le sac de couchage, aussi elle étendit les jambes et le laissa tirer pour la dégager. Une fois le sac en main, il se remit à rire et Cassie le fusilla du regard. - Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? râla-t-elle. - Y avait… (il riait trop fort pour continuer, mais prit une grande inspiration.) Y avait une glissière pour l’ouvrir, éructa-t-il avant de se remettre à rire. Son visage était différent quand il riait. Avant ça, Cassie n’avait jamais remarqué à quel point ses fossettes étaient visibles. Deux sillons qui marquaient ses joues et donnait à son visage un côté doux qu’il n’avait habituellement pas. Il riait avec tout son corps, ses larges épaules secouées et une de ses mains sur son pectoral, comme s’il cherchait à reprendre de l’air, mais n’y parvenait pas. Cassie resta interdite un long moment avant de se souvenir que cette vision était due à son humiliation. - T’aurais pas pu me le dire avant que je me casse le coccyx ? Kazey rit plus fort encore et la jeune fille décida de l’abandonner. Elle remonta dans le camion et s’enferma dedans alors même qu’elle l’entendait l’appeler - Oh Cassie, ne le prends pas comme ça… - Va te faire foutre, marmonna-t-elle trop bas pour qu’il l’entende. Kazey la laissa tranquille une minute avant d’ouvrir la portière et d’entrer à sa suite, forçant la jeune fille à lui faire de la place. Il déposa une tasse en carton sur ses genoux, ainsi qu’un sachet de papier brun dans lequel elle trouva deux cupcakes. - Où est-ce que tu es allé pêcher ça ? demanda-t-elle malgré elle. Elle doutait qu’il ait un commerce accessible à pied et Kazey n’avait clairement pas pu conduire sans s’assoir sur la tête de Cassie. Sa mère avait beau prétendre qu’elle avait un sommeil de plomb, elle était à peu près certaine qu’elle se serait rendu compte de cela. Le jeune homme lui accorda un de ses sourires supérieurs, le même qu’on prenait avant d’annoncer qu’un magicien ne révèle jamais ses tours, mais il finit par hausser les épaules. - Loretta m’a emmené avec elle en ville. C’est une femme charmante. - Loretta ? Kazey désigna la fenêtre d’un mouvement de la tête et Cassie suivit la direction des yeux jusqu’à remarquer un peu plus loin, une des familles qui passait la soirée autour du feu de camp la veille. Parmi eux, la mère dans un short en jeans blanc et un chemisier jaune passait des pâtisseries à ses enfants qui semblaient répugner autant que Cassie à l’idée de se lever. - Tu es allé copiner avec la mère de famille ? Elle n’avait elle-même aucune idée de la raison pour laquelle elle trouvait la situation comique, mais c’était le cas. - C’est elle qui est venue copiner avec moi, se défendit faussement Kazey. Tu sauras que je plais beaucoup aux mères de famille. - J’en conclus que tu as de la chance avec les cougars du quartier ? Il prit un air offensé, démentit par l’amusement qui brillait dans son regard. - Pour qui est-ce que tu me prends, rétorqua-t-il en portant une main à son cœur. Bien sûr que non, je ne touche pas aux cougars du quartier… je vais dans le lotissement voisin. Cassie pouffa et sa mauvaise humeur s’évapora. Elle ne se ferait jamais à l’idée que Monsieur l’Emmerdeur ait un sens de l’humour. Elle mordit dans un cupcake red velvet et grogna de contentement. - Ok, lança Kazey en claquant son genou d’une main décidée. Je te laisse manger, je vais voir si je trouve les douches dont m’a parlé Loretta. *** Les douches en question s’avérèrent être une antichambre de l’enfer. L’eau était froide, l’hygiène douteuse et les loquets branlants. De toute sa vie, Cassie ne se rappelait pas s’être jamais lavée aussi vite. Elle ne quitta jamais sa paire de sandale, quitte à les passer ensuite par la fenêtre de la voiture pour les faire sécher, tout valait mieux que l’idée de devoir toucher le sol de cette décharge avec sa peau nue. Dès qu’elle fut habillée, elle s’empressa de rassembler ses longs cheveux blonds dans un chignon désordonné qu’elle ne s’autorisait habituellement à porter que dans l’intimité de sa chambre, mais peu importait. Elle ne tenait pas à passer plus de temps que nécessaire ici. Elle jeta un coup d’œil au miroir où elle capta son reflet entre deux traces de saleté et détourna aussitôt la tête. Mieux valait ne pas s’appesantir. Elle n’avait pas l’habitude de sortir sans être coiffée correctement et maquillée, mais elle ferait une exception. Elle garda sa trousse de toilette avec elle et replaça son sac sur le plateau du pick-up. Elle se brossa les dents, assise dans le camion, les jambes à l’extérieur en utilisant la bouteille que Kazey gardait sur le siège. - Bon sang, j’aurai tout vu, se moqua le jeune homme en revenant à son tour vers le véhicule. - Quoi ? grogna-t-elle la bouche pleine de dentifrice. - Ta réputation en prendrait un coup si quelqu’un te voyait en ce moment. Cassie recracha avant de tourner un regard blasé vers le jeune homme. Bien sûr, il pouvait parler avec son t-shirt sans forme, son jeans délavé et ses cheveux encore mouillés qui pendaient sur son front, mais dont Cassie ne doutait pas qu’ils reprendraient leur position anarchiste dès qu’ils commenceraient à sécher. - Ce n’est pas comme si j’allais croiser quelqu’un qui en vaille peine, répondit-elle en pensant à ses connaissances du lycée. Il était certain qu’elle ne serait jamais sortie dans les rues de Resington comme ça. Ce ne fut qu’en voyant le regard blessé de Kazey qu’elle se rendit compte de la réflexion qu’elle venait d’avoir. Comme si par-là, elle insinuait qu’il ne valait rien. Mais ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Elle s’apprêtait à s’expliquer, quand toute vulnérabilité s’effaça du visage du jeune homme. Il avait ce même air qu’il avait toujours, hautain et sérieux. - Tu ferais bien de terminer, dit-il calmement en désignant la bouteille qu’elle tenait d’une main et la brosse à dents dans l’autre. On décolle dans deux minutes. Il disparut alors à l’arrière où il rangeait certainement ses propres affaires. Cassie avait l’impression qu’il risquait d’être moins jovial que ce matin et elle détesta cela. Le voir plié de rire lui manquait déjà.
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