Mon nom sur tes lèvres Que fais-tu là ce soir ? Ton homme est différent, mais même costume noir. Viens-tu me voir battre un nouvel adversaire, ou es-tu là pour lui, simplement pour lui plaire ? Je peux voir à ta bouche, à ta mine défaite, que tu veux ma victoire, mais jure de ma défaite. Je vaincrai mon ange, si tu me veux gagnant. Une droite, un crochet, et puis les bras levés, à la foule scandant, j'accorde un fin sourire, qui en te regardant s'élargit soudainement. Quelques visages se tournent pour suivre mon regard, il est braqué sur toi pendant un long moment. Je te vois surpris, comme si jusqu'à maintenant, tu ne savais même pas qui j'étais vraiment. Et sans doute est-ce le cas, car avant l'autre soir, tu ne me voyais pas passer dans le couloir. Je ne suis que le mec qui, dans un souvenir pourri, t'offrit un mouchoir, alors que tu pleurais sur l'autre costume noir. C'est étrange de me dire que de ton point de vue, je suis un étranger, un visage que tu cherches encore à replacer. Alors que je t'ai vu à travers tous ces gens et que depuis mon ring, le cœur un peu battant, j'ai vérifié deux fois que je ne te rêvais pas. Bon sang, suis-je stupide ? Ne m'épargne pas. Dis-moi le pathétique qui se dégage de moi. Est-ce que les gens normaux s'amourachent comme ça ? Honnêtement, je ne pense pas. J'ai même le sentiment complètement insensé que nul ne comprend par quelle intensité, mes pensées volent vers toi, magnifique étranger qui ne me voit même pas. Du moins si, tu me vois, mais je n'ai pas de visage, juste un grand corps de muscles, terrifiant et sauvage. Au fond, peu m'importe, je ne suis pas normal. Je me bats pour vivre et cours de salle en salle. Ma tête fait affiche face à d'autres boxeurs, une version de Rocky sans amour et sans peur. Je n'ai pas d'Adrianne et je n'ai rien à perdre, sinon ma vie. Mais je ne crains pas vraiment de perdre un jour mon pouls, seuls ceux qui savent vivre s'y attachent comme des fous. Moi, j'aime un étranger qui pleure pour un autre. Je ne pleure pas moi-même, ni ne ris pas non plus, mais mon cœur se brise, quand les larmes salées de mon bel étranger viennent assombrir ses joues. Je descends du ring et la foule m'acclame, je lève encore les bras, et je quitte la salle, sous le brouhaha. Quand dans tous les gradins on me scande, on m'appelle. Quand je passe lentement et que l'on m'interpelle... je m'arrête en chemin et scanne les environs. Je voudrais juste voir, si pour une seule fois, mon nom est sur tes lèvres… c'est le cas. Je vois, fasciné, ta bouche former le mot. Tu le hurles, un poing en l'air et je souris un peu en te regardant faire. Sais-tu que c'est mon nom, ou suis-tu simplement la foule avec enthousiasme ? Je n'aurais certainement jamais de réponse, mais cette victoire signifiera toujours plus pour moi, que les autres. Je ne suis champion de rien ce soir, ni ceinture, ni coupe, ni aucun accessoire. Mais te voir crier mon nom comme celui d'un héros vaut cent fois plus pour moi. Je m'en vais finalement en espérant vainement qu'un jour, dans le couloir, tu me reconnaitras.
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