Word Goal pour aujourd'hui 9677 Je commence à 8068. ...-------- Vingt- trois heures --------... 8068/9677 Voyons ce qu'on peut faire en une heure et avec les idées à moitié claires. ...-------- Vingt-trois heures cinquante --------... 9710/9677 Et chapitre 5 fini. Yay ! Citation du jour
"Écrire, c'est inventer ce qu'on sait déjà." Françoise Sagan
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Hello ! Hier pour la quatrième journée, je n'ai pas eu assez de temps ou assez de motivation pour atteindre le palier, j'ai fini la journée avec 200 mots de retard. Journées chargées hier et aujourd'hui... (oui, je suis allée faire les soldes au lieu d'écrire. Bad Ven, pas bien !) Le word goal pour aujourd'hui est de 8064 mots Je commence avec 6261 mots. Il m'en faut donc 1803 de plus. Début de la journée d'écriture à 19h33. Ouais. Ça va être compliqué. ...-------- Dix-neuf heures trente sept --------... Je me lance dans un sprint de vingt minutes. Départ 6261 / 8064 ...-------- Vingt heures cinq --------... Après le sprint, le compte est à 7042/8064 Je ferai un sprint d'une demi-heure un peu plus tard et ça devrait être bon pour aujourd'hui. ...-------- Vingt-trois heures cinquante --------... 8068/8064 Wouhou ! *s'écroule* Citation du jour
"Écrire un livre, c'est comme aimer quelqu'un : ça peut devenir très douloureux." Joël Dicker Chapitre 2 Mes yeux sont agressés par la lumière du matin, conséquence de mon insomnie. J’ai préparé mes affaires, aiguisé certaines de mes lames en tentant de me convaincre que je suis juste méticuleuse… mais en réalité, je suis totalement stressée par le voyage à venir. Je ne crains pas tant les bandits que mes frères. Philip est clairement mon ennemi, pour les deux autres, Karl et Drex, je n’en sais trop rien.
Drex est le plus jeune, le seul à être mon cadet. Je ne sais pas grand-chose de lui, j’ai quitté le château à dix-sept ans, il n’en avait que onze à l’époque et il a aujourd’hui dix-neuf ans. Je ne peux donc pas prétendre le connaitre. Je connais Karl en revanche, et je sais qu’il est toujours en quête de l’approbation de Philip ou de celle de mon père, sachant que ni l’un, ni l’autre ne me porte dans son cœur, il vaut mieux que je me tienne sur mes gardes avec lui. A l’aurore, je me décide à partir. Il ne sert à rien de repousser l’inévitable et le joyeux périple qui m’attend entre dans cette catégorie. Je sors et laisse mes yeux faire un tour d’horizon. Ma maison, les héspéridias, les bois à la tranquillité surnaturelle, le glouglou ininterrompu de la rivière qui coule un peu plus bas à l’ouest… tous les environs. Et je prends la route du château avec une pierre qui pèse lourd dans mon estomac. Ma jument, Ginger – qui doit son nom à sa robe roux clair – s’ébroue, impatiente déjà de prendre la route. Je sais qu’Imir l’emmène tous les jours pour une promenade, mais elle sait que lorsque je viens la chercher, on part pour de nouveau paysages. Le peu de choses que j’emmène avec moi, sont contenus dans deux sacs à ses flancs. Cependant, je ne suis pas surprise de voir que Philip en prend plus du double. S’il a bien hérité un trait de notre père, c’est sa vanité. Je secoue la tête d’un air dépité et je prends place sur ma scelle en murmurant à Ginger tout ce que je pense de l’égo de cet idiot. Aucun de mes frères ne m’accorde un mot mais Philip et Karl me toisent en arrivant, de leurs regards hautains semblant me reprocher d’être présente, ou peut-être même de respirer. Je leur rends un sourire défiant pour leur signifier le peu d’intérêt que je porte à leur avis, et je suis prête à en découdre. Mais aucun d’eux ne réagit. Lorsque nous prenons la route, je les laisse passer devant, ce qu’ils s’empressent de faire, pensant certainement que je me juge inférieure en leur permettant de prendre la tête de notre expédition. La vérité est que je refuse d’avoir un de ces traitres dans mon dos. Rien de tel pour se retrouver avec une lame plantée entre les omoplates. Pendant les premières heures à les suivre en silence, je tente de tromper mon ennui en les observant, comme j’étudie les oiseaux perchés dans leurs arbres quand je suis dans le Tarn Mark. Je suppose que du point de vue d’un étranger, mes frères doivent offrir un beau tableau. Leurs cheveux baignés par le soleil froid du matin, balayés par un vent léger. Leur carrure de guerrier, leurs épaules droites, leur visages fiers. Chevauchant leurs montures d’un geste assuré. C’est dans notre généalogie : les Devon sont beaux, ils sont forts, c’est ainsi. Même moi, je n’échappe pas à la règle, bien que je déplore mon appartenance à cette famille. Le plus drôle est que Philip, le seul à partager mes deux parents, le seul qui me ressemble vraiment est celui qui me répugne le plus. Karl a les cheveux châtains, il doit tenir ça de sa mère, mais je ne peux pas être catégorique, je ne la connais pas – pas plus que Karl d’ailleurs. Il a le visage dur de notre père et des yeux verts comme Philip et moi, mais d’une teinte plus foncée tirant plus sur l’émeraude que l’opale. Drex, quant à lui, n’a rien de commun avec aucun de nous, mis à part les yeux qui chez lui aussi sont verts, presque nuancés de jaune. Mais pour le reste, il est totalement différent. Les Devon ont une mâchoire large, agressive, des traits francs et beaux, mais brutaux. Pas Drex. Il a les cheveux aussi foncés que son teint est clair, bruns ou noirs, selon la lumière. Ses yeux immenses mangent son visage et lui donnent l’air plus jeune que ses dix-neuf ans. Il a la mine rêveuse, des traits fins et une bouche disproportionnée lui donnant en permanence un air boudeur. Il est également plus petit que nous. C’est à se demander où on est allés le pêcher. Mon regard s’attarde longuement sur lui, je m’étonne de ne m’être jamais rendue compte de sa beauté. Son visage compte nombre de défauts, mais ils s’accordent dans une harmonie paisible. Il doit sentir mes yeux sur lui, parce qu’il se tourne soudain pour croiser mon regard. Je ne fais pas mine de me retourner, je le fixe si j’en ai envie. Il parait songeur alors qu’on se jauge l’un l’autre comme si on ne s’était jamais vus. Puis finalement, il tourne la tête, reportant son attention sur nos frères et je me perds dans mes pensées en fixant le sol que je vois défiler sous les sabots de Ginger. Ce n’est qu’en entendant les sabots s’arrêter que je me rends compte avec effroi que j’ai baissé ma garde. J’étais plongée dans un état second, sans doute dû à mon manque de sommeil. J’arrête Ginger en me fustigeant pour mon comportement. Nous sommes au bord d’une rivière et faisons la halte de la mi-journée pour manger et nous dégourdir les jambes. J’attache ma monture près de celles de mes frères avant de m’éloigner d’eux en emportant ma sacoche. Je répère un rocher plat et m’y hisse avant de sortir une pomme de mon sac et d’y croquer à pleines dents. Je laisse mon regard se perdre sur l’eau, mais je garde l’oreille aux aguets pour être sûre de ne pas me laisser surprendre en cas d’approche. Hors de question de baisser à nouveau ma garde. Quand mon regard revient vers ma jument qui, bien qu’attachée près des autres, se tient à l’écart dans un superbe reflet de mon propre comportement, je ne peux retenir un sourire. C’est bien, ma fille ! pensé-je. Je me relève, ignorant ma jambe droite un peu engourdie d’être restée accroupie et m’avance vers Ginger pour lui offrir une pomme qu’elle semble apprécier bien plus que l’herbe. Je flatte son encolure alors qu’elle hennit doucement son approbation. La sensation d’un regard sur moi me fait me retourner, prête à foudroyer Philip, mais il ne me prête aucune attention. Il discute avec Karl, à moitié allongé dans l’herbe, il balance ses cheveux vers l’arrière. A son comportement, je me doute qu’il est en train de se venter : « Oh, je suis si fort, si merveilleux que j’ai battu dix hommes avec un bâton de bois, avec une seule main, à cloche pied et en dormant… » Je ne l’entends pas d’ici, mais j’ai la certitude que c’est le genre de discours qu’il tient. Je détourne finalement la tête pour voir Drex me regarder avec un air un peu absent. Qu’est-ce qu’il a ? Le plus dérangeant est que je ne sais pas comment réagir, il n’a aucune expression, c’est un de ces regard qu’on prend pour tenter de déchiffrer un langage inconnu. J’adopte mon meilleur air de défi, mais au lieu de relever, il se laisse tomber dans l’herbe pour reporter son attention sur le ciel. Je ne suis peut-être pas la seule excentrique de la famille… Je m’arrache vite cette idée de la tête avant de me mettre à croire qu’un seul être possédant le même sang empoisonné que le mien soit digne d’intérêt. - On y va ! décrète soudain Philip en levant. Sans surprise, les deux autres sautent sur leurs jambes à son injonction, prêts à le suivre comme des toutous. Moi, je fais trainer les choses par pure gaminerie. Je suis d’accord sur le fait qu’il est temps de partir, mais je ne veux pas me plier à ses ordres. Je repars lentement vers la rivière pour m’y laver les mains en cachant un sourire alors que mon frère, déjà en scelle, peste à voix basse. On ne se met en marche qu’après que je suis revenue tranquillement vers ma jument. Le reste du chemin est douloureux, aussi bien physiquement qu’émotionnellement. La route inégale fait que mes fesses sont transformées en compote et mes jambes en pierre. Enfin, rien d’insurmontable, mais un certain inconfort tout de même. Les émotions en revanche sont insupportables. S’il y a une chose que je suis incapable de gérer c’est ça. J’étouffe dans l’œuf toute émotion, je ne veux pas ressentir quoi que ce soit. Mais alors que je ferme la marche, je vois mes frères rire ensemble et je me sens plus seule que jamais. Intéressant phénomène que le sentiment de solitude. Lorsque je suis dans ma forêt, sans personne autour, je ne le ressens pas, il n’y a qu’entourée que je me sens seule. Comme si la solitude avait besoin de public pour être réelle. Pas que j’aie envie d’être proche d’un membre de ma fratrie, mais parfois lors d’un moment d’égarement, je me retrouve penser qu’il doit être agréable d’être proche de quelqu’un. L’image d’Edgar s’impose à moi, sans doute parce qu’il est solitaire lui aussi, mais cela suffit pour que je me mette une claque mentale. Qu’est-ce qui m’arrive ? Je n’ai besoin de personne, moi et mon épée, on veille l’une sur l’autre. Je la chouchoute, elle me protège. Je ramène ma main à mon flanc pour en caresser le pommeau. C’est un geste réconfortant. Puis je talonne ma jument pour qu’elle se mette au galop. Je dépasse mes frères sans ralentir et je fonce. Voilà la solution. Si je me sens seul en leur présence, la réponse est de me retrouver réellement seule pour faire passer ce malaise. Pas de devenir idiote à penser que je peux baisser ma garde et laisser quelqu’un entrer dans ma vie. Je suis persuadée au fond de moi que le jour où je m’arrêterai à me reposer sur une autre personne, je serai morte. Au loin, j’entends Philip m’ordonner de revenir. De qui il se moque celui-là ? Je ne me plie pas au chef de clan, ce n’est pas à lui que je vais obéir. On était censés faire le voyage ensemble, mais ce qui passe avant tout, c’est moi et mon instinct de conservation. Bien au-delà de l’instinct de survie, je m’épargne toute situation susceptible de m’être douloureuse. Je fais un petit salut de la main et passe outre la douleur de mes muscles qui me rappellent que je n’ai plus l’habitude des longs voyages. Je retire le lien de cuir qui retient mes cheveux, et ma tresse se défait sans que j’aie à y toucher, volant dans mon dos comme une bannière. Alors que l’allure me donne un sentiment puissant d’invincibilité, je laisse un sourire s’épanouir sur mes lèvres. Voilà, je suis seule et heureuse. Pourquoi les gens pensent qu’on a besoin d’être entourés ? N’importe quoi ! Cette histoire est écrite dans le cadre du camp Nanowrimo, elle pourra donc être modifiée en cours de route. Chapitre 3 Cassie était penchée à sa fenêtre en ce mardi matin, regardant les maisons qu’elle connaissait par cœur et qui constituaient son quartier. Les parfaits petits jardins, les toits d’ardoise tous similaires, les boites aux lettres que le comité des propriétaires s’était accordé à assortir, le large espace rond qui constituait le bout de la rue en cul-de-sac, avec assez d’espace pour y faire demi-tour en camion… et elle se dit qu’elle voudrait être n’importe où sauf ici.
Son père était rentré ce matin à l’aube, uniquement pour se changer. Le soir précédent, il avait préféré dormir au bureau que de rentrer et sa mère semblait vouloir rattraper le temps de disputes perdu à cause de son absence de la veille. Elle les entendait à peine sous la musique dont elle avait augmenté le volume. Ça commençait à devenir un bruit de fond. Elle pensa à Dan, qui devait passer du bon temps avec son cousin. Il l’avait appelée la veille et lui avait parlé d’une fête à laquelle il se rendrait ce week-end, il lui avait paru vraiment heureux. Elle se demanda ce qu’il aurait répondu si elle lui avait proposé de l’accompagner à Los Angeles. Il aurait sûrement accepté. Elle aurait voulu partir d’ici. Loin. La Californie ou Paris avec Eva, ou n’importe où en fait. Peu importait tant que ce n’était pas à portée de voix de ses géniteurs. Tout ce qu’elle savait était que dans quatre jours, elle aurait dix-huit ans et qu’elle ne voulait pas passer son anniversaire ici, loin d’Eva, loin de Dan et prise dans les tirs croisés dans la guéguerre parentale. Elle jeta un œil à sa voiture en bas, mais elle ne se voyait pas partir seule sans même savoir où aller. Ça ne l’avançait à rien, elle serait seule quand-même et ferait sans doute demi-tour d’ici une centaine de kilomètres parce qu’elle n’avait plus d’essence. En bas, les portes commençaient à claquer, preuve qu’un des deux tentait de fuir l’autre. Elle soupira et se demanda ce qu’il lui restait comme échappatoire. Aucune. À moins que… Du coin de l’œil, elle vit la porte de la maison du shérif s’ouvrir et Kazey en sortir avec deux sacs balancés nonchalamment sur ses larges épaules. Il déposa un des sacs dans la cabine et jeta l’autre sur le plateau de son vieux pick-up vert. Peut-être, pensa Cassie. Mais c’était une idée idiote. Kazey n’accepterait jamais qu’elle l’accompagne. Elle suivit des yeux le jeune homme qui rentrait à nouveau dans la maison et écouta les voix de ses parents qui semblaient soudain plus fortes, plus étouffantes qu’elles ne l’étaient quelques minutes plus tôt. Elle sentait quelque chose dans son ventre, comme un serpent qui ne cessait de rouler sur lui-même pour la presser à bouger, à faire quelque chose, à fuir. Elle se sentait asphyxiée ici, elle ressentait la pression presque physiquement, comme en leçon de plongée, lorsqu’elle était en apnée et qu’elle savait qu’il lui fallait remonter pour prendre de l’air. Il y avait toujours cette petite seconde où elle se disait qu’elle n’arriverait pas à la surface à temps, un moment désespéré où tout ce qu’elle voulait était une goulée d’air, juste une seule, où son cœur s’emballait en se disant qu’elle n’y arriverait pas. Et plus elle s’affolait, plus la surface semblait lointaine, inatteignable. Cette situation était exactement la même, mais la seconde de panique ne faisait que s’étirer. Elle avait besoin de sortir de ce bassin. Sans plus réfléchir, elle quitta la fenêtre pour revenir au centre de sa chambre qu’elle balaya d’un regard, puis elle attrapa un large sac de sport dans lequel elle entassa des affaires. Vêtements, téléphone, papiers d’identité, déodorant, brosse à cheveux, mouchoirs. Tout ce qui lui venait à l’esprit. Ce n’était pas la meilleure idée qu’elle ait eue, mais ce n’était pas la pire non plus, alors elle se dit que ce n’était pas si grave que ça. Cassie ouvrit une page de traitement de texte sur son ordinateur, écrit un mot à ses parents et cliqua sur l’icône d’impression. L’imprimante se mit en marche en ronronnant et elle laissa la feuille dans le bac. Puis elle sortit à toute vitesse. Elle ne devait pas perdre de temps. Si Kazey partait sans elle, elle n’aurait plus d’autres occasions de fuir. Comme elle l’avait prévu, ses parents étaient trop occupés à s’entredéchirer pour se demander la raison pour laquelle leur fille sortait avec un sac si plein que la fermeture semblait prête à lâcher. Amusez-vous bien sans moi, pensa-t-elle en jetant un dernier regard vers l’intérieur de la maison. Elle referma la porte et se faufila jusqu’à la bordure de son allée où elle attendit, cachée derrière les arbres qui bordaient la rue, que Kazey ait fini de charger ses affaires sur le plateau. Elle regarda le shérif qui attendait sur le porche de dire au revoir à son fils, il affichait un grand sourire, mais elle voyait bien un peu d’inquiétude chez lui. Cependant, il poussait quand même son garçon à entreprendre ce qu’il voulait faire. La jeune fille se dit que c’était ça être un parent. Aimer ses enfants, s’en faire pour eux, mais les encourager à poursuivre leurs rêves. Elle ravala la boule qui se formait dans sa gorge. Ce n’était pas le moment de pleurer ou de s’apitoyer sur son sort. Non, il était temps d’embarquer clandestinement dans le pick-up de son voisin qui la détestait. Quand le jeune homme claqua la plaque qui remontait à l’arrière du truck, elle sut qu’il avait fini de mettre ses affaires dedans. Kazey revint vers son père et ils parlèrent quelques instants. Cassie s’approcha à quatre pattes, avec son sac qui tentait de glisser de son épaule, mais qu’elle retenait d’un bras plié vers l’arrière. Elle se sentait complètement ridicule, si quelqu’un la voyait, il la prendrait pour une folle, mais heureusement, les énormes roues la cachaient à la vue. Au fur et à mesure de son approche, sa respiration s’accéléra et elle avait l’impression de faire assez de bruit pour être entendue à un kilomètre. Arrivée à l’arrière, elle jeta un œil discret à l’évolution de la scène, le père et le fils s’accrochaient l’un à l’autre comme s’ils avaient peur de ne jamais se revoir. Cassie entendit presque la voix d’Eva dans sa tête lancer : « câlin de jumeaux intergénérationnels » et elle sourit un peu. Elle profita de leur distraction pour se hisser sur le plateau et ramena quelques-unes des affaires de Kazey autour d’elle et sur ses jambes pliées pour mieux se cacher. Sa respiration retrouva un rythme normal, alors qu’elle attendait. Il ne fallut pas longtemps pour que la porte passager soit ouverte, puis refermée dans un claquement et que le moteur démarre. Le plateau vibrait doucement sous son dos et Cassie se dit que ça pouvait être assez agréable. - Fais attention à toi, Kaz ! recommanda une dernière fois le shérif depuis l’entrée de sa maison. - T’en fais pas, cria son fils pour couvrir le bruit du moteur. Toi aussi, prends soin de toi. - Evidemment. Je t’aime fils. - Je t’aime P’pa, ne te fais pas tuer. - Je ferai de mon mieux. Cassie supposa que M.Lawon n’entendit pas son fils lorsqu’il répondit sans élever la voix : « en espérant que ce soit suffisant ». Cette réflexion lui serra le cœur pour Kazey, qui vivait dans la peur permanente de perdre son père et elle s’en voulut un peu de toujours se moquer du temps qu’ils passaient ensemble. Etre sur le plateau s’avéra moins confortable lors de la sortie de l’allée, mais une fois sur la route, les secousses devinrent peu fréquentes. Cassie resta immobile un long moment, les bras croisés sous sa tête, elle fixait le ciel. Un sourire étira ses lèvres alors que le sentiment d’oppression qui l’avait gagnée dans sa chambre la quittait peu à peu. Le fait de partir et de laisser derrière elle ses soucis, sa solitude et surtout les disputes à répétition lui donnait l’impression de s’être libérée d’un poids qui pesait sur elle depuis trop longtemps. Elle pensa qu’Atlas ressentirait certainement la même chose si on le dispensait de soutenir le monde sur ses épaules. Elle savait, au fond, qu’elle avait agi impulsivement et que non seulement elle ne faisait que mettre ses problèmes sur pause, mais qu’en plus elle en aurait d’autres quand Kazey se rendrait compte qu’elle se trouvait là. Malgré tout ça, elle ne pouvait s’empêcher de sourire en sentant sous elle les roues du véhicule qui l’emmenait loin de tout ça, quant à son voisin… elle y penserait plus tard. Pour l’instant, elle voulait juste profiter de la première bouffée d’air frais qu’elle pouvait prendre après sa noyade. Elle respira un grand coup et malgré l’odeur de pot d’échappement qui lui arriva aux narines, elle se sentit libre. Dans la cabine, Kazey alluma l’autoradio et changea plusieurs fois de station jusqu’à tomber sur une chanson de Daft Punk qu’il se mit à chantonner. Cassie sourit de plus belle. Elle n’avait jamais imaginé que Monsieur L’emmerdeur savait chanter, et encore moins qu’il connaissait toutes les paroles de Get Lucky. Elle aurait donné cher pour pouvoir le voir. Elle pensa un moment à se relever pour l’observer discrètement, mais elle ne pouvait pas prendre le risque d’être vue. Il suffirait qu’il jette un œil dans le rétroviseur intérieur pour découvrir qu’il avait de la compagnie. Elle resta donc allongée là, à l’écouter chanter. Mme Malone ne remarqua pas le départ de sa fille avant l’heure du diner. Elle appela plusieurs fois Cassie depuis le bas de l’escalier avant de se décider à monter voir pourquoi elle ne venait pas. Elle découvrit alors la chambre vide. Cassie n’était ni sur son lit, ni au bureau, ni même dans la salle de bain. Elle se dit simplement qu’elle était sortie manger dehors sans penser à prévenir, mais alors qu’elle allait quitter la chambre de sa fille, d’énormes lettres roses attirèrent son attention. Elle récupéra la feuille dans le bac de l’imprimante et la lut. Maman, Papa, J’ai décidé de partir quelques jours et de vous laisser le temps de régler vos problèmes. Je ne pense pas que je vous manquerai étant donné que je n’existe pas pour vous. Essayez au moins de parler et de trouver une solution, vos affrontements sont invivables. Vous vous moquez sûrement de mon opinion de toute façon. Je vous laisse surtout cette lettre pour vous dire de ne pas me chercher. Je vais bien et je serai bientôt de retour. Et si, comme je le crois, tout ce qui vous inquiète est ce que penseront les voisins en voyant que je ne suis pas là, eh bien, dites-leur que Cassie Malone s’est fait la malle. A bientôt. C. Elle resta quelques secondes bouche bée et relut trois fois le mot avant de se décider à descendre pour prendre le téléphone et appeler son mari. Hello ! Aujourd'hui est le troisième jour du Camp Nanowrimo July 2014. J'ai appris hier que tous les auteurs de mon cabanon avaient abandonné durant le premier ou deuxième jour, mais on va tenter de continuer quand-même. Je me lance sur le chapitre 3 aujourd'hui. La flemme ne m'a pas encore rattrapée. Allez, c'est parti. Le word goal du jour est de 4838 mots. Je commence la journée à 4098 mots/4838 ...-------- Cinq heures et demi --------... Le compte est à 5114/4838 Le palier est atteint, mais il faut encore que je finisse le chapitre. ...-------- Plus ou moins sept heures --------... Chapitre fini - et un dixième de l'histoire de faite ! Yay! 5921/4838 Citation du jour
"Il faut avoir un fantôme assis à côté de soi pour pouvoir écrire. Une présence invisible et obsédante." Catherine Locandro Cette histoire est écrite dans le cadre du camp Nanowrimo, elle pourra donc être modifiée en cours de route. Chapitre 2 Cassie se réveilla ce samedi matin au bip de son téléphone qui lui annonçait un message. La maison était complètement silencieuse, elle en déduisit que ses parents étaient sortis.
Elle se débattit un moment avec sa longue crinière blonde qui semblait vouloir s’accrocher à son visage comme une étoile de mer à un rocher et se souvint de la raison pour laquelle elle l’attachait habituellement pour dormir. Elle repoussa sa couette violette avec des coups de pieds désordonnés et bailla aux corneilles en s’étirant de tout son long. Quelle heure était-il ? Un coup d’œil à son réveil lui apprit à l’aide d’énormes chiffres fuchsia qu’il était à peine 7h30. Qui que soit la personne qui lui envoyait un message aussi tôt, Cassie espérait que ça en valait la peine. Elle récupéra son téléphone sur la table de chevet, abandonné sous un exemplaire de Teen Vogue et lut le message qui était une photo d’une route prise à travers le parebrise d’une voiture et qui disait : en route pour l’aéroport !!! Ça venait de Dan évidemment. Comme si son départ était une nouvelle de laquelle elle devait se réjouir. Elle ravala la boule dans sa gorge et enterra le sentiment de solitude qui ne faisait que se renforcer avec le départ de son petit-ami. Il se faisait une joie de ce voyage et elle ne voulait pas jouer les emmerdeuses. Elle lui répondit d’un sms qu’elle espérait enjoué, même si elle ne le ressentait pas : génial, amuse-toi bien ! Elle descendit pied nu pour prendre son petit-déjeuner. Sa mère n’était pas là pour lui dire de mettre des patins. La cuisine paraissait joyeuse avec les tournesols géants dans le vase de la table et la vaisselle colorée. Les rayons du soleil étaient bien visibles aujourd’hui, mais le silence semblait déplacé. Cassie ressentait comme de l’angoisse à être là. Elle avait envie de retourner se coucher et de ne plus sortir de sa chambre, mais elle ne savait pas d’où venait cette sensation. Pourquoi allait-elle aussi mal ce matin ? Pouvait-on se sentir ainsi sans raison ? Elle sortit un bol vert anis du placard et quand elle le posa sur le plan de travail pour récupérer les céréales, découvrit un mot laissé par sa mère ; les mots écrits en noir de sa belle écriture arrondie. « Journée avec Wendy. Rentre pour le diner. A plus tard. » Elle le chiffonna et le jeta à la poubelle. Cassie s’installa à la table avec son bol de céréales plein et regarda autour d’elle. Le silence était pesant, mais c’était toujours mieux que les disputes de ses parents. Elle se rendit dans le salon et trouva les vinyles que son père collectait sans jamais les écouter, certainement parce que ça faisait prétentieux. Elle prit le premier qu’elle trouva – un certain Dean Martin – et le plaça sur la platine. La musique commença sans qu’elle ne reconnaisse l’instrument. Les premières paroles la firent un peu sourire, mais plus chanson avançait, plus la voix et la musique lui semblèrent profonde, comme si elles pouvaient l’emporter jusqu’à Naples – elle aurait voulu que ce soit le cas. « That’s amore… », chantonna-t-elle avec le disque. Quand le scratch retentit pour la fin de la chanson, Cassie se rendit compte qu’elle pleurait. Ses céréales étaient si gorgés de lait qu’ils ressemblaient à une pâte pas franchement appétissante. Comment puis-je pleurer pour une chanson qui compare l’amour à une pizza ? se demanda-t-elle avant de se reprendre. Ce dont elle avait besoin, c’était d’une douche, d’un bon maquillage de guerre et de sortir prendre l’air. De retour dans sa chambre, elle prépara ses affaires et vit son téléphone qu’elle avait laissé sur son lit. Peut-être était-ce pour cela qu’elle avait pleuré, pas pour cette stupide chanson… Elle ouvrit les messages et en composa un nouveau pour Dan : tu vas me manquer, je t’aime. Elle l’envoya et jeta l’appareil où elle l’avait pris avant de tourner les talons et de se diriger vers la salle de bain. Quand elle eut fini de se préparer, Cassie se sentait infiniment mieux. Ce n’était qu’une petite tristesse passagère au réveil. Il était presque dix heures à présent et elle décida qu’il était temps de ramener Eva dans le monde des vivants. Sa meilleure amie répondit d’une voix pâteuse et Cassie trouva un certain plaisir à hurler dans le micro. - Goooooood morning Vietnam ! - Je te déteste ! rétorqua pitoyablement l’endormie. - Mais non, tu m’adores. Allez debout ! On va bruncher. - Bruncher ? Tu nous prends pour qui, les desperate housewives ? - La ferme ! Je passe te prendre dans une heure. Là-dessus, elle raccrocha en entendant Eva grogner qu’elle ferait bien de changer de fréquentations. Malgré toutes ses protestations, sa meilleure amie l’attendait sur les marches de son perron quand Cassie gara la Lexus grise. Eva avait ramené ses cheveux bruns dans une haute queue de cheval et portait des lunettes de soleil assez larges pour cacher la moitié de ses joues. - Tu te la joues incognito ? s’amusa Cassie alors que l’autre jeune fille attachait sa ceinture. - C’est toi qui invites, prévint-elle en guise de réponse. Cassie cacha un sourire et remit la voiture en route. Le brunch se passa avec peu de conversation, les œufs au bacon rappelèrent à Cassie ses céréales ramollis et la raison pour laquelle ils s’étaient retrouvés dans cet état. Les deux amies reprenaient le chemin du parking quand Eva, qui la regardait avec inquiétude depuis quelques minutes déjà, se décida à parler. - Qu’est-ce qui se passe Cassie ? s’enquit-elle. La blonde lui accorda un sourire hollywoodien avant de répondre en haussant les épaules. Le col de son haut indigo – couleur qui complimentait ses yeux - glissa sur une épaule, mais elle ne prit pas la peine de le remonter. - Cassandra Malone, tu vas cracher le morceau ! insista son amie en la retenant par le poignet pour l’empêcher d’avancer. - Ne m’appelle pas comme ça, on dirait ma mère, frissonna la blonde. - Pourquoi ce brunch ? - J’avais faim. - Ne me prends pas pour une idiote Cassie, tu es la blonde des deux. - Hé ! - Allez… Les épaules de Cassie s’affaissèrent avant qu’elle ne baisse les yeux. - Rien de bien grave. J’ai eu un petit coup de cafard ce matin. Dan est parti, tu t’en vas demain avec tes parents et je vais être toute seule… - Oh. Je ne pars que deux petites semaines. - Je sais, soupira Cassie. Je t’ai dit que ce n’était rien. Même à elle, ça lui paraissait stupide de réagir ainsi. Etre seule pendant quelques jours n’était pas la fin du monde. - Si on allait faire nos sacs et qu’on allait prendre des couleurs au bord du lac ? proposa-t-elle en se reconstruisant un sourire qu’Eva lui rendit en acquiesçant. L’après-midi passée au bord du lac Huron remonta un peu le moral de la jeune fille, mais Eva devait rentrer assez tôt pour finir ses valises et Cassie la raccompagna en essayant de ne pas se laisser gagner par l’angoisse qui menaçait de refaire surface. Elles se saluèrent et se promirent de s’appeler régulièrement. - Essaie de ne pas te trouver de nouvelle meilleure amie à Paris ! cria Cassie par la fenêtre de la voiture. - Ça ne risque pas, s’esclaffa Eva en s’éloignant, je ne parle même pas français. Cassie gara la voiture dans l’allée libre, ses parents n’étaient toujours pas là. Devant le garage voisin, Kazey travaillait seul sur sa voiture et Cassie se surpris à s’approcher pour lui parler. La solitude n’était vraiment pas son truc si elle venait à s’adresser au rabat-joie en chef. Il portait un autre de ses t-shirt de travail, un vieux bout de tissu qui devait être blanc sous toute cette graisse de moteur. Il semblait plus vieux que l’autre et n’était pas à la bonne taille, il semblait prêt à craquer sur les biceps de Kazey. - Salut, lança-t-elle en s’arrêtant de l’autre côté du capot du pick-up. Il releva vers elle un regard noisette étonné, ses cheveux bruns partaient dans tous les sens comme s’ils dansaient sur son crâne, il avait une trace noire sur la joue. - Salut, répondit-il en se relevant et en essuyant ses mains sur un chiffon qu’il sortit de la poche arrière de son jeans. Il regarda derrière elle, comme s’il cherchait une raison qui ferait qu’elle se serait abaissée à venir lui parler. - Tu… voulais quelque chose ? demanda-t-il après quelques secondes de silence. - Où est-ce que tu pars ? demanda Cassie. La façon dont les yeux noisette s’étrécirent d’un air suspicieux rappela à la jeune fille qu’elle n’était même pas censée savoir qu’il partait où que ce soit. - J’ai entendu ton père en parler, se justifia-t-elle avec un sourire innocent. Il ne répondit pas immédiatement. Il devait se douter qu’elle cachait quelque chose, sans savoir quoi. - T’as laissé trainer tes oreilles ? demanda-t-il en croisant les bras sur son torse. Bon, peut-être savait-il alors. Un instinct qui lui servirait à l’école de police. Elle sourit à nouveau sans répondre et il prit son air de juge. Elle s’attendait presque à ce qu’il lui fasse la leçon, mais il se contenta de secouer la tête avant de se remettre au travail. - Je traverse le pays pour aller dans le Nevada, répondit-il finalement. - Pour quoi faire ? - En quoi ça t’intéresse ? grogna-t-il sur la défensive. Elle pouvait comprendre sa réaction, elle ne lui avait pas adressé la parole plus de trois ou quatre fois au cours de l’année. - Ça me distrait, répliqua-t-elle. La télé est en panne chez moi. Il redressa la tête pour la fusiller du regard. - Au revoir, Cassie, conclut-il. Elle grogna, mais se décida à partir. Après tout, mieux valait être seule que mal accompagnée et Kazey était de la pire compagnie qui soit. - J’espère que le capot va te tomber sur la tête, rétorqua-t-elle en s’en allant. - Mature, railla-t-il. Très mature. Cassie sourit et lui accorda un doigt d’honneur qu’il ne vit pas, avant de rentrer chez elle. ...-------- Trois heures et demi (à peu près) --------... 2918/3215 pas top, pas top. Je me lance dans un sprint de 30 minutes. Mes meilleurs amis : chrono et playlist. Check back à quatre heures. ...-------- Quatre heures (tout pile !) -------- ...3553/3215 Palier atteint pour aujourd'hui, mais le chapitre n'est pas fini. NEWS FLASH : j'ai le cabanon pour moi toute seule, les autres sont MIA, super... ...-------- Cinq heures et demi --------... Chapitre fini. Le compte est à 4098/3215 Citation du jour
"Donc voyez, j'écris pour rien. J'écris comme il faut il me semble. J'écris pour rien. Je n'écris même pas pour les femmes. J'écris sur les femmes pour écrire sur moi, sur moi seule à travers les siècles." Marguerite Donnadieu Cette histoire est écrite dans le cadre du camp Nanowrimo, elle pourra donc être modifiée en cours de route. Chapitre 1 Le premier jour du mois de juillet ressemblait fort à un après-midi d'automne dans la petite ville de Resington, Michigan. Les températures ne dépassaient pas les seize degrés et une épaisse couche de nuages laissait difficilement passer les rayons du soleil. – On ne bronzera jamais assez vite pour faire concurrence aux floridiennes, se plaignit Eva en étendant ses longues jambes devant elle. À son côté, sur le banc de bois, son amie Cassie ne l'écoutait pas. Elle était bien trop occupée à fixer son téléphone en grognant contre le retard de son petit-ami. Lorsqu'elle se rendit enfin compte qu’elle attendait une réponse de sa part, elle soupira et remit son smartphone dans son sac à main avant de réponde : – On aura tout le temps de prendre des couleurs une fois que nous serons là-bas. – Go Gators, renchérit Eva en se référant à la mascotte de leur future université. Cassie leva les bras en l'air en encouragement, mais le cœur n'y était pas. Dan lui avait paru étrange au téléphone quand elle l'avait appelé pour l'inviter à les rejoindre Eva et elle au parc. Elle regarda l'heure à nouveau : 14H23, il avait officiellement plus de vingt minutes de retard. – Les jumeaux intergénérationnels en approche ! s'exclama soudain Eva avec un sourire mauvais. Cassie releva les yeux pour découvrir son voisin Kazey et son père en plein footing. Ces deux-là étaient inséparables, ce qui paraitrait étrange pour tout ado qui se respecte, qui eux ne rêvaient que de s'éloigner le plus vite possible de leurs géniteurs. Mais le jeune homme courait tous les matins avec son paternel et les après-midis quand son père avait une permanence de nuit au bureau du shérif. Cassie et Eva se foutaient toujours d'eux, mais il n'empêche que M.Lawson était le seul à ressembler à un joueur de football professionnel au Département. – Il est carrément sexy dans le genre syndrome œdipien en puissance, souffla Eva comme si elle avait lu dans ses pensées. Cassie ne put s'empêcher de pouffer, quand son amie balança ses longs cheveux bruns en arrière au passage de ses voisins avant de lancer : « Bonjour Shérif ! ». M.Lawson leur renvoya un sourire amical avec un « Bonjour les filles ! » Kazey se contenta de les toiser et de leur accorder un vague hochement de tête, puis comme ils étaient apparus, ils disparurent dans un nuage de poussière soulevé par leurs baskets de course. Cassie les regarda s’en aller en se demandant quand la carrure de Kazey avait rattrapée celle de son père avant d'en venir à la conclusion que cela n'avait pas d'importance et de reporter son attention sur son téléphone : 14h28 et aucun message pour s'excuser. – Il a intérêt à avoir eu un accident, ce sale con! Cassie se tourna vers son amie qui la fixait en se mordant la lèvre pour ne pas éclater de rire. – Ne te fous pas de moi, prévint la blonde en levant un doigt menaçant dans sa direction. – Je n'en avais pas l'intention. – Mais bien sûr... tu oublies que je te connais. – Pas faux. Cassie soupira en se disant qu'elle allait laisser tomber et ne pas en rajouter, ça dura quelques secondes. Elle allait se décider à partir quand elle aperçut Dan qui arrivait. Grand, blond et possédant le charme d'une star de cinéma, son petit-ami s'approchait en riant avec un autre garçon, plus vieux, blond lui aussi, mais moins grand. – Lui, il est assez bronzé pour faire honte aux floridiennes, constata Eva. Cassie ne pouvait pas la contredire. Elle sut immédiatement qu'il s'agissait de Pete. Dan lui avait pourtant parlé la semaine précédente de l'arrivée de son cousin californien, mais elle avait complètement oublié. Les deux garçons s'arrêtèrent devant leur banc et Dan se laissa tomber à côté d'elle et déposa un baiser sur sa joue avec un sourire désarmant. – Voilà Cassie, informa-t-il son cousin. La jeune femme perdit immédiatement le désir de lui faire regretter son retard. Pete siffla tout bas : « Tu ne m'avais pas dit qu'elle était aussi belle ! » Cassie lui accorda un sourire éblouissant avant de lever un sourcil dans la direction de son petit-ami. – Contente de te rencontrer, dit-elle à l’intention de Pete puis après un coup de coude de sa meilleure amie continua. Laisse-moi te présenter Eva. Une fois les présentations faites, ils hésitèrent à choisir l'occupation de leur journée. Dan se décida finalement pour le cinéma. Le temps ne permettait pas grand-chose en extérieur. Pete était drôle et il occupait la plupart de la conversation avec des anecdotes qu'il semblait avoir par centaines. Les garçons choisirent le film et Cassie se contenta d'échanger un regard avec Eva avant de lever les yeux au ciel, mais elle ne contredit pas le choix. Pour une fois que Dan avait l'occasion de passer du temps avec son cousin, elle ne voulait pas pinailler. Comme prévu, le scénario s'avéra être stupide, mais il avait plu aux garçons, sans doute à cause des effets spéciaux. Cinq heures les trouva tous les quatre chez Susie – le seul Dinner de la petite ville à faire du cappuccino à la vanille. C'était ce qu'ils avaient trouvé de plus proche de ce que voulait Pete. Le jeune homme éclata de rire en disant qu'il s'était un peu trop habitué à la vie de Los Angeles et qu'il lui arrivait d'oublier que le Starbucks le plus proche était à Alpena. Cassie se demanda si elle deviendrait comme lui après quelques années à Miami. Pas de doute, Pete était cool, mais il l'était un peu trop, comme si sa nonchalance était forcée. Comme s'il ressentait le besoin d'impressionner les autres, ce qui semblait marcher si on en croyait les mines d'Eva et de Dan. Dans l'ensemble, Cassie aurait pu qualifier cette journée d'agréable, si ce n'était pour l'annonce que lui fit Dan en la raccompagnant. – Écoute Cassie... Ça commence mal, pensa-t-elle en voyant Dan passer une main dans ses cheveux blonds puis se gratter la nuque. – Pete retourne à Los Angeles ce week-end et j'ai décidé de l'accompagner pour faire le tour des campus. Je vais rester un peu chez lui... Elle trouva cette nouvelle presque réconfortante, elle s'attendait à pire... à ce qu'il la quitte par exemple. Si Cassie avait une seule peur, ce serait qu'il rompe avec elle. Elle sourit devant son air abattu et s'approcha doucement. Se levant sur la pointe des pieds, elle déposa un baiser sur les lèvres de Dan qui la regarda avec surprise. – Bon voyage, souffla-t-elle presque amusée de voir son soulagement. Les épaules de Dan se détendirent et il l'embrassa à son tour. – T'es la meilleure Cassie! Dan s'en alla peu de temps après. Pete avait raccompagné Eva, si bien que Cassie ne fut pas surprise que sa meilleure amie l'appelle alors qu'elles s'étaient quittées depuis moins d'une heure. A ce moment-là, la jeune fille était déjà allongée sur son lit pendant qu'Ed Sheeran chantait sur sa mini stéréo. Ses longs cheveux blonds étaient rassemblés dans ce qui ressemblait vaguement à un chignon. Elle avait troqué son jeans moulant contre un short Pink de Victoria's Secret et son chemisier vert d'eau contre un débardeur rose fluo qui lui donnait l'impression d'être bien plus bronzée qu'elle ne l'était réellement. Elle était si bien installée qu'elle hésita à répondre au téléphone, quelle idée de l'avoir laissé dans son sac ! Elle savait pourtant qu'Eva l'appellerait dès qu'elle serait seule. Elle étendit la jambe le plus loin possible et récupéra l'anse de son sac à main avec les orteils. Une fois la lanière de cuir passée à son pouce, elle tira et contorsionna sa jambe jusqu'à ce que le sac soit assez proche pour qu'elle s'en saisisse. Elle grogna de son effort. Que ne ferait-elle pas pour éviter de se lever quand elle était installée si confortablement. Malheureusement, alors qu'elle ouvrait son sac, le téléphone arrêta de sonner. Elle le sortit quand-même et rappela Eva qui répondit immédiatement. – Devine qui a embrassé un californien? – Des tas de filles je suppose. Pour commencer, les californiennes... – Oh, la ferme ! la coupa son amie. Devine qui a embrassé le seul californien à cent kilomètres à la ronde. – Dois-je te faire remarquer qu'il y a sûrement d'autres... – Devine ! Cette fois, la voix d'Eva était clairement exaspérée. – Bon, je vais prendre un énorme risque et parier sur toi. – Et tu auras raison ! Cassie pouffa en enfonçant d'avantage la tête dans ses oreillers pour tenter de le dissimuler. Elle n'avait pas besoin de voir sa meilleure amie pour savoir qu'elle affichait un sourire victorieux. – Dommage qu'il reparte ce week-end, continua alors Eva. – Dan part avec lui. – Oh... (Eva semblait ne pas savoir comment réagir, devait-elle s'indigner pour son amie et le traiter de crétin, ou n'était-ce pas la peine? Elle finit par adopter un ton neutre pour demander:) Combien de temps? – Je ne sais pas trop... deux ou trois semaines sans doute. – Tu ne sais pas trop ?! Mais t'es dingue, tu ne lui as même pas demandé ? – Je n'ai pas envie d'être chiante Eva. Ma mère passe son temps à faire ce genre de choses avec mon père et moi, à nous questionner comme si elle nous soupçonnait d'être des agents secrets et ça me rend folle quand elle fait ça. Tout ce que j'ai envie de faire, c'est m'éloigner d'elle pour ne plus avoir à lui rendre de compte et je ne veux pas que Dan ressente ça avec moi. Eva resta silencieuse pendant un long moment. Cassie commençait à croire qu'elle avait abandonné le téléphone sans même se donner la peine de lui raccrocher au nez, quand elle entendit le lit de son amie grincer, preuve qu'elle s'était laissé tomber dessus sans grâce aucune. Eva renifla et Cassie avait l'impression de la voir secouer la tête avec désapprobation. – Tu penses beaucoup trop pour ton bien si tu veux mon avis. – C'est possible s'amusa Cassie. On se voit demain? – Sûr... 13h53, balançoire rouge. – Noté. Cassie sourit à son téléphone et à la manie qu'avait Eva de ne jamais lui donner rendez-vous à des heures rondes comme le reste du monde, parce qu'elle pensait que c'était injuste pour le reste des minutes ou quelque chose du genre. Cassie ne se souvenait plus de l'explication exacte. Elle déposa le téléphone sur sa table de chevet et ferma les yeux, écoutant simplement la musique qui s'écoulait toujours des enceintes miniatures. Sans même s'en rendre compte, elle s'assoupit. Elle fût réveillée une heure plus tard, désorientée par la lumière qui s'écoulait de sa fenêtre donnant vers l'Ouest. La luminosité n'était pas la même que celle du matin. Elle passa une main paresseuse sur ses yeux avant d'entendre ce qui l'avait éveillée et de se crisper. À l'étage du dessous, ses parents se disputaient... encore. Était-ce de pire en pire ces derniers temps ou ne le remarquait-elle que parce qu'elle était en vacances d'été et donc plus souvent présente? Elle ne savait pas en ce qui concernait la fréquence, mais en tout cas, les éclats de voix avaient empirés. Elle pensa un instant à rester enfermée dans sa chambre le temps qu'ils se calment, mais la musique s'était arrêtée pendant sa sieste et elle ne supportait plus de les entendre se hurler dessus comme deux vieux ivrognes dans un bar un soir de match. Bien sûr, ses parents n'étaient ni vieux, ni alcooliques. C'étaient des gens bien, assez jeunes comparés aux parents de certains de ses amis. Ils étaient le modèle même de la réussite. Sur une photo, leur petite famille aurait pu être élue modèle parfait. C'était tout l'avantage des photos, elles ne bougeaient pas et ne hurlaient pas. Elle se souvint du bonheur qui habitait leur maison lorsqu'elle était enfant et se décida à prendre part à la dispute pour une fois. Elle devait rappeler à ses parents qu'ils n’étaient pas les seuls affectés par leur hostilité mutuelle. Cassie descendit les escaliers le plus lourdement possible, dans l'espoir vain qu'ils l'entendraient et s'arrêteraient comme par magie, mais ce serait trop demander, évidemment. Ils n'auraient pas entendu un tank entrer dans le salon avec leur niveau de décibels, alors une ado de dix-sept ans qui pèse une cinquantaine de kilos... aucune chance. Quand elle pénétra dans la pièce, elle ne reconnut pas les deux personnes qui lui faisaient face. Ça ne pouvait pas être ses parents. L'homme avait un regard trop haineux et la femme semblait tout faire pour en rajouter, comme si elle tenait à le pousser à bout. Les reproches volaient dans un sens comme dans l'autre et Cassie resta figée pendant un long moment. Pourtant, ces deux étrangers avaient bien le visage de ses géniteurs. Ils ne faisaient toujours pas attention à elle et Cassie décida d'intervenir pour les séparer. – M'man, P'pa ! dit-elle d'un ton dur, mais sa mère ne coupa pas sa diatribe et son père ne lui accorda pas un regard. Elle le répéta plus fort, sans résultat. Puis, prise de rage à son tour, elle saisit l'objet le plus proche – un vase en verre – et le jeta au sol en criant : « Arrêtez! » Les têtes des deux adultes se tournèrent dans sa direction, comme des missiles détournés de leur cible, ils semblaient prêts à exploser. Sa mère fut celle qui parla la première. – Non, mais ça ne va pas ! Tu sais combien coûtait ce vase? – Je m'en tape ! répondit la jeune fille d'un ton hargneux. – Ne parle pas comme ça à ta mère ! reprit la figure paternelle, comme par automatisme. – Toi, tu ne te gênes pas pour lui parler comme ça ! – Ça ne te regarde pas. – T'es sûr? J'aurais pourtant juré que ça regardait tout le quartier ! – Va dans ta chambre, grondèrent-ils à l'unisson. – Tiens, pour une fois vous tombez d'accord. Son ton ironique et froid lui était étranger. Ce n'était pas le genre de fille qu'elle était d'ordinaire, mais les voir se déchirer ainsi la faisait souffrir plus qu'elle ne l’avouait. À présent, elle n'aimait plus être chez elle quand ses parents s'y trouvaient. Elle avait parfois l'impression d'être seule au monde et aurait voulu que ces deux égoïstes lui aient au moins donné un frère ou une sœur à qui elle aurait pu se raccrocher pour traverser tout ça. Mais elle n'en avait pas. Elle était totalement seule, prise dans la tornade. Elle monta dans sa chambre et s'y enferma. Le silence dura une bonne demi-heure avant que les reproches ne recommencent à fuser entre les deux adultes au rez-de-chaussée. Cassie se rhabilla et décida de sortir prendre l'air. Ils ne le remarqueraient même pas, trop occupés qu'ils étaient à s'étriper dans la cuisine. La première idée qui lui vint une fois dans la rue bordée d’arbres, fût qu'elle avait eu une mauvaise idée. À quelques pas de là, Kazey et son père, aussi inséparables que toujours étaient penchés sous le capot du vieux pick-up vert que conduisait le jeune homme. Ils étaient dans leur allée devant le garage ouvert. Cassie détourna les yeux, elle ne voulait pas voir ça. Kazey avait peut-être perdu sa mère, mais ça lui laissait toujours un parent de plus qu'à elle. Elle allait continuer sa route quand elle entendit le shérif élever la voix. Elle se stoppa net. Est-ce qu'ils se disputaient eux aussi? – Il faut que tu le fasses, disait l'homme. Tu ne vas pas te dégonfler maintenant. – J'en sais rien, rétorqua le garçon, je ne vois pas l'intérêt, j'entre à l'école de police le mois prochain, alors... – Justement ! Tu auras tout le temps d'être sérieux à ce moment-là ! Pars, fais ton road trip jusqu'à ton festival de tarés et je te promets que quand tu reviendras, la maison ne se sera pas écroulée. Kazey rétorqua quelque chose à voix trop basse pour qu'elle l'entende, mais le shérif éclata de rire. – Ok, dit finalement l'adolescent. Je changerai les pneus dimanche et je prendrai la route la semaine prochaine. – Ça c'est mon fils! On ne se dégonfle pas chez les Lawson ! Le père et son fils échangèrent une tape dans le dos en souriant et Cassie resta stupéfaite. Elle n'avait jamais vu Kazey sourire, ou plus depuis longtemps, c'était plutôt le genre de mec à se prendre au sérieux et à regarder les autres comme s'il les jugeait. Au lycée, il avait quelques amis, mais même à côté d'eux, il paraissait toujours plus mature, plus... plus chiant en fait. Mais là, il semblait heureux dans son t-shirt gris crade et déchiré – celui qu'il portait pour bosser sur sa voiture – ses cheveux en bataille et son torse secoué de rire. Cassie n'avait pas suivi le reste de la conversation, mais ça devait être drôle. Alors même qu'elle se remettait en route, tête basse, elle entendit la voix de son voisin. – Bonsoir Cassie ! – 'soir shérif ! répondit-elle un peu honteuse de les avoir espionnés. Heureusement, aucun des deux ne s'était rendu compte de sa présence avant. Elle se força à avoir l'air naturel de celle qui ne fait que passer, mais elle ne savait pas du tout à quoi ressemblait cet air-là. Elle se décida finalement à continuer vers le bas de la rue comme si de rien n'était et à son grand soulagement, Kazey ne la poursuivit pas avec son air d'emmerdeur pour lui faire remarquer que c'était très mal d'espionner les conversations des voisins. |
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