S’il est un homme que j’admire, c’est sans doute toi mon Esteban. Toi, et tes mille conquêtes dont je ne suis pas. Toutes ces femmes, plus belles les unes que les autres, leurs corps souples et leurs chevelures d’or ou d’ébène. Toutes ces femmes, tu les aimes, tu les vénères et éveille en elles le divin. Elles se font déesses sous tes mains. Et je ne suis pas l’une d’elles, mais je sais que tu les adores comme jamais un autre avant toi, et peut-être comme jamais un autre après.
Et qu’importe si ce n’est qu’une nuit, car sous tes ferventes attentions, tu leur offres la douceur, l’amour, la passion. Elles sortent de tes draps, rayonnantes et satisfaites, et qu’importe si ça ne dure pas. S’il est un homme que je plains, c’est sans doute toi mon Esteban. Toi et tes mille matins de solitude. Tous ces cœurs que tu collectes mais qui ne sont jamais aussi vides que le tien. Tu as toujours mal mon vieil ami car tu ne sais aimer au-delà du jour. Tu le voudrais pourtant et je le sais. Les femmes passent dans ta vie, comme passent les années et tu désespères chaque jour un peu plus de les voir défiler. Mais je ne suis pas l’une de ces femmes et nous ne nous aimerons jamais, pourtant je retiens dans mes mains les morceaux de ton cœur brisé. Le territoire sous tes draps me restera inconnu, mais j’en connais plus de toi qu’aucune de tes ingénues. S’il est un homme que je protège, c’est sans doute toi mon Esteban, pour qui j’ai transformé l’amour en amitié. Car je savais qu’à t’aimer, je ne pourrais nous préserver. Mon ami, je suis la gardienne de nos deux pauvres cœurs brisés.
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Avril 2020
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