L’apocalypse est là !
Les allumés ont envahi le monde et remplacent peu à peu les humains. Je me souviens encore du temps où il suffisait, pour fuir le monde, de quitter sa maison et de marcher un peu. On ne nous retrouvait que si on le voulait. Ce temps n’est pas si loin, mais il est révolu. La liberté s’éteint au profit de l’Avancée. On nous joint nuit et jour, où que l’on soit, quoi que l’on fasse. On est toujours reliés d’une façon ou d’une autre. Je leur ai pourtant dit « je n’aime pas les portables » et qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils m’en ont acheté un ! La logique se perd elle aussi, j’en ai peur. Et en plus ils m’engueulent ces foutus allumés ! « Pourquoi tu n’as jamais ton téléphone Papy ? On te fait un cadeau et tu ne t’en sers pas. » Mais merde, je n’en voulais pas moi de leur foutue machine ! J’aime mes petits-enfants, mais ils sont cons, vraiment. Même pour des choses simples, ils ne semblent pas parler le même langage que moi. J’ai toujours acheté mon pain chez Véro, mais non, eux, ils veulent que je le prenne au supermarché pour économiser quinze cents. Ils veulent que Véro mette la clé sous la porte ou quoi ? « - Pourquoi je ferais ça ? Leur pain, il est dégueulasse ! - Oh Papy… t’es qu’un vieux ronchon ! - C’est mieux que d’être un allumé. » Que voulez-vous ? Les allumés sont une espèce à part. Mais heureusement, dans le village, Maurice et moi, on résiste à l’envahisseur ! On boit toujours du rouge, pas de rosé pamplemousse. On regarde France3 et on lit de vrais livres. On cherche des réponses dans les dictionnaires et pas sur Gogole. On écoute la radio sans être en voiture. On laisse les téléphones à la maison. Je crois même que Maurice a un magnétoscope. C’est un vrai rebelle ! Quand on se rejoint le dimanche pour pêcher près du lac et qu’on voit passer des gens qui ne regardent pas le paysage en marchant, fixant leur écran pour envoyer des textos ou commenter leurs vies sur FesseBouc, Maurice et moi on se marre. Ils ne sont vraiment pas discrets les allumés. « Ils ne nous auront jamais ! » me lance mon camarade résistant. « Jamais ! » je confirme en acceptant la bière qu’il me tend.
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S’il est un homme que j’admire, c’est sans doute toi mon Esteban. Toi, et tes mille conquêtes dont je ne suis pas. Toutes ces femmes, plus belles les unes que les autres, leurs corps souples et leurs chevelures d’or ou d’ébène. Toutes ces femmes, tu les aimes, tu les vénères et éveille en elles le divin. Elles se font déesses sous tes mains. Et je ne suis pas l’une d’elles, mais je sais que tu les adores comme jamais un autre avant toi, et peut-être comme jamais un autre après.
Et qu’importe si ce n’est qu’une nuit, car sous tes ferventes attentions, tu leur offres la douceur, l’amour, la passion. Elles sortent de tes draps, rayonnantes et satisfaites, et qu’importe si ça ne dure pas. S’il est un homme que je plains, c’est sans doute toi mon Esteban. Toi et tes mille matins de solitude. Tous ces cœurs que tu collectes mais qui ne sont jamais aussi vides que le tien. Tu as toujours mal mon vieil ami car tu ne sais aimer au-delà du jour. Tu le voudrais pourtant et je le sais. Les femmes passent dans ta vie, comme passent les années et tu désespères chaque jour un peu plus de les voir défiler. Mais je ne suis pas l’une de ces femmes et nous ne nous aimerons jamais, pourtant je retiens dans mes mains les morceaux de ton cœur brisé. Le territoire sous tes draps me restera inconnu, mais j’en connais plus de toi qu’aucune de tes ingénues. S’il est un homme que je protège, c’est sans doute toi mon Esteban, pour qui j’ai transformé l’amour en amitié. Car je savais qu’à t’aimer, je ne pourrais nous préserver. Mon ami, je suis la gardienne de nos deux pauvres cœurs brisés. |
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Avril 2020
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